Traiter son chien comme un enfant ne lui rend pas service

Traiter son chien comme un enfant ne lui rend pas service

“Mon chien comprend quand je le dispute, il se sent coupable.” 

“Il m’a fait la tĂȘte pendant des jours quand je suis rentrĂ© de vacances.” 

“Il est jaloux quand je m’occupe du chat et pas de lui.” 

Ce genre de phrases, on les entend souvent quand on parle avec un humain de chien
 et elles ne choquent pas grand monde. 

Pourtant, elle relĂšve d’un phĂ©nomĂšne qui empĂȘche gĂ©nĂ©ralement de tisser une relation saine avec son chien. 

Non, MĂ©dor n’agit pas comme un humain 

Avant, le chien avait une utilitĂ©. Il gardait la maison, le troupeau, ou aidait l’homme Ă  se nourrir en chassant. 

Aujourd’hui, ce n’est plus le cas (ou presque plus). Le chien est un compagnon de vie, qu’on apprĂ©cie pour le rĂ©confort et l’amour qu’il apporte dans nos foyers. 

On le considùre de plus en plus comme un membre de la famille, à tel point qu’on a parfois l’impression qu’il agit et pense comme nous, humains. 

Ce phĂ©nomĂšne, c’est l’anthropomorphisme. C’est une tendance Ă  attribuer Ă  un animal des caractĂ©ristiques humaines, notamment des Ă©motions ou des comportements. 

On a par exemple l’impression que notre loulou Ă©prouve de la jalousie, qu’il est rancunier, qu’il distingue le bien du mal
 Ă  tort. 

Un animal n’a pas la mĂȘme façon d’analyser son environnement que l’humain et il n’a pas non plus les mĂȘmes besoins. 

Finalement, on transpose à notre chien des caractéristiques et des émotions qui sont le reflet des nÎtres. 

Certaines situations anthropomorphiques, comme lui offrir un cadeau Ă  son anniversaire ou Ă  NoĂ«l, sont totalement innocentes et partent d’un bon sentiment. 

Malheureusement, d’autres peuvent s’avĂ©rer bien plus dommageables pour lui. 

L’anthropomorphisme camoufle les problùmes comportementaux 

L’anthropomorphisme nous donne l’impression que les comportements de nos chiens ont un sens à nos yeux. D’ailleurs, on l’utilise parfois inconsciemment pour se rassurer et se dire que notre poilu tient à nous : 

  • s’il est jaloux quand notre attention est sur un enfant ou un autre animal, c’est qu’il apprĂ©cie qu’on s’occupe de lui ; 

  • s’il nous fait payer nos absences par des pipis Ă  l’intĂ©rieur, c’est sĂ»rement qu’on lui manque. 

N’en dĂ©plaise Ă  certains : c’est malheureusement une aberration. 

Cette façon de penser peut mĂȘme, Ă  terme, lui porter prĂ©judice et nuire Ă  son bien-ĂȘtre. 

En prĂȘtant Ă  tort Ă  nos chiens des rĂ©actions humaines, on en oublie de chercher les vĂ©ritables causes
 Causes qui cachent parfois un vĂ©ritable mal-ĂȘtre. 

Non, le chien n’a pas conscience de mal agir. 

L’animal n’a aucune notion de morale. Ses comportements ne sont pas basĂ©s sur des principes moraux comme les nĂŽtres. Il ne sait donc pas distinguer le bien du mal. 

Imaginez que votre chien attrape une cuisse de poulet directement dans votre assiette. 

Pour vous, c’est du vol : MĂ©dor a mal agi. 

Mais lui ne voit pas les choses de cette façon : il a simplement saisi une opportunitĂ© pour se nourrir. Il a agi selon ses propres besoins dans l’environnement qui lui est offert.

D’ailleurs, ça explique pourquoi la punition est inefficace. 

Gronder son chien, c’est estimer qu’il sait ce qui est bien et ce qui est mal. 

Mais comme ce n’est pas le cas, il ne comprend pas pourquoi il est puni et recommencera dùs qu’il en aura l’occasion. 

Dans ces situations, la gestion de l’environnement est bien plus efficace ! 

Il n’éprouve pas de culpabilitĂ©. 

Si, en rentrant chez vous, vous trouvez votre chien les oreilles basses et les yeux suppliants alors qu’il a Ă©ventrĂ© le canapĂ©, dĂ©trompez-vous, il ne se sent pas coupable. 

À nouveau, se sentir coupable sous-entend avoir conscience du bien et du mal et savoir les distinguer - chose que le chien ne sait pas faire. 

En revanche, ces changements d’attitudes, de comportements, que l’on assimile Ă  de la culpabilitĂ©, ont quand bien mĂȘme des raisons d’exister. 

Il est fort probable que vous l’ayez dĂ©jĂ  grondĂ© en rentrant chez vous aprĂšs avoir dĂ©couvert des destructions. 

Votre chien a donc associé votre retour à la maison au fait de se faire gronder. Résultat : lorsque vous rentrez chez vous, Médor est effrayé, car il anticipe votre réaction. 

Le chien ne peut pas se venger. 

La vengeance est un concept typiquement humain. Sans sens moral, capacitĂ© de rĂ©flexion et de raison comme nous l’avons, le chien ne peut pas raisonner de façon Ă  Ă©prouver de la rancune. 

À ce jour, aucune preuve scientifique n’a d’ailleurs permis de dĂ©montrer le contraire. 

Les réactions que certains assimilent à de la vengeance ont donc une autre origine. 

Prenons l’exemple d’un chien qui dĂ©truit ou urine pendant vos absences. Non, il n’essaie pas de se venger parce que vous l’avez laissĂ© seul. En revanche, ses comportements sont porteurs d’un message, et peuvent rĂ©vĂ©ler un trouble comportemental plus profond : 

  • Les besoins faits dans la maison peuvent tout simplement rĂ©vĂ©ler qu’il n’a pas rĂ©ussi Ă  se retenir assez longtemps ; 

  • En cas de solitude, et sans aucune activitĂ© d’occupation, il s’est peut-ĂȘtre ennuyĂ© et a cherchĂ© Ă  s’occuper comme il a pu. 

  • Il pourrait aussi souffrir d’anxiĂ©tĂ© de sĂ©paration, le mettant dans un Ă©tat d’angoisse extrĂȘme. La mastication Ă©tant une activitĂ© apaisante grĂące aux endorphines qu’elle libĂšre, le chien va alors mastiquer pour se calmer. Sans friandises masticatoires disponibles, il s’en prend aux affaires de son humain - qui portent son odeur et seront donc d’autant plus rassurantes. En cas d’anxiĂ©tĂ© de sĂ©paration, un accompagnement par un comportementaliste canin sera nĂ©cessaire pour l’aider. 

Il n’est pas jaloux. 

La jalousie, au mĂȘme titre que la vengeance et la culpabilitĂ©, est un sentiment purement humain. Aucun chien n’en ressent. 

MĂ©dor grogne lorsque quelqu’un s’approche de vous ? Il a fort Ă  parier qu’il fasse de la protection de ressource, et que la ressource en question, ce soit vous. 

Il se peut aussi qu’il soit craintif vis-Ă -vis de ses congĂ©nĂšres et que la prĂ©sence d’un autre le mette mal Ă  l’aise.

Il y a tellement de significations possibles Ă  un comportement, que, pour cet exemple, s’arrĂȘter Ă  de la jalousie n’aidera pas MĂ©dor, bien au contraire. 

Il faut creuser le problĂšme, l’analyser, et aller dans une comprĂ©hension plus profonde de son animal. C’est seulement comme cela que vous pourrez Ă©teindre un comportement “indĂ©sirable”. 

Il existe plein d’autres cas d’anthropomorphisme qui peuvent ĂȘtre nĂ©fastes pour l’animal : 

  • le laver rĂ©guliĂšrement et le parfumer pour qu’il sente bon alors que cette contrainte peut entraĂźner de graves problĂšmes dermatologiques ; 

  • empĂȘcher son chien de renifler le derriĂšre d’un congĂ©nĂšre sous prĂ©texte que “c’est sale” (rappelons-le, mais ce comportement canin est un moyen de communication on ne peut plus naturel) ; 

  • lui faire des cĂąlins humains le plus souvent possible alors que les dĂ©monstrations physiques sont propres Ă  l’homme pour se saluer et montrer son affection ; 

  • habiller un chien qui n’en a pas besoin, par pur plaisir. 

Pour son bien-ĂȘtre, garder Ă  l’esprit qu’un chien reste un chien 

Faire de l’anthropomorphisme est souvent plus simple et rapide qu’on le croit. 

L’idĂ©e n’est pas de pointer du doigt ceux qui le font (je me surprends parfois moi-mĂȘme en train d’en faire
). 

Mais il ne faut pas tomber dans l’excùs, et calquer votre propre ressenti sur celui de votre chien. 

MĂȘme s’il n’est pas toujours bĂ©nĂ©fique, l’anthropomorphisme a conduit Ă  porter un autre regard sur l’animal au fil des annĂ©es. 

Ça a d’ailleurs jouĂ© un rĂŽle majeur dans l’évolution de la considĂ©ration des animaux par la sociĂ©tĂ© et la lĂ©gislation. ConsidĂ©rĂ© comme une machine dĂ©nuĂ©e de sensibilitĂ© et dont les comportements ne sont que des rĂ©flexes pendant des siĂšcles, l’animal est maintenant reconnu comme un « ĂȘtre vivant douĂ© de sensibilitĂ© » par le Code Civil depuis 2015. 

Le tout est d’avoir conscience des dĂ©rives de l’anthropomorphisme pour avoir les idĂ©es claires dans nos relations avec nos poilus. 

En ignorant les causes rĂ©elles du comportement de l’animal et en lui attribuant des raisons humaines, on en oublie sa nature de chien. Il y a alors un danger, car on ne cherche pas les solutions adaptĂ©es Ă  la cause de ses comportements.

Discerner la diffĂ©rence entre l’animal et l’homme nous aide Ă  entretenir de bien meilleurs rapports parce qu’on s’adapte Ă  son systĂšme de communication et Ă  ses besoins fondamentaux. 

🐕 “Il sait qu’il a mal fait
” Vraiment ?

On aime nos chiens comme des membres de la famille. Mais attention Ă  ne pas confondre affection et projection : non, votre compagnon ne se venge pas, n’est pas jaloux, ni mĂȘme coupable.

Dans cette lettre, je vous explique pourquoi anthropomorphiser votre chien peut masquer un mal-ĂȘtre, et comment rĂ©apprendre Ă  dĂ©crypter ses comportements
 en tant que chien.

À lire absolument si vous vous ĂȘtes dĂ©jĂ  demandĂ© pourquoi MĂ©dor “boudait” aprĂšs une bĂȘtise.

Claude Lefevre đŸŸ

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