Cage, destruction, et auto-mutilation.

Cage, destruction, et auto-mutilation.

Il y a un sujet qui fait dĂ©bat, mĂȘme parmi les Ă©ducateurs canins bienveillants : l’utilisation de la cage.  

Pas pour le transport ; mais Ă  des fins Ă©ducatives. 

Le chien se sent-il plus en sĂ©curitĂ© dans sa cage ? Ou bien est-ce juste quelque chose qu’on se dit pour se dĂ©culpabiliser ? 

Dans cette lettre, je vous explique pourquoi cet outil est trop souvent mal utilisĂ© – et je vous partage mon avis Ă©clairĂ© sur la « bonne » utilisation de la cage. 

 La cage n’est pas un outil miracle d’éducation canine. 

« Votre chien est malpropre ? DĂ©truit pendant vos absences ? Mettez-le en cage, il n’aura plus l’occasion de faire ses bĂȘtises, et le problĂšme sera rĂ©solu ! ». 

Quand une solution vous semble trop belle pour ĂȘtre vraie
 souvent, elle l’est. 

Prenons l’exemple du chien qui dĂ©truit pendant vos absences. Certes, la cage va empĂȘcher les destructions. Mais a-t-elle rĂ©ellement rĂ©solu le problĂšme
 ou juste Ă©touffĂ© les symptĂŽmes ? 

Pourquoi le chien dĂ©truit-il ? Est-ce parce qu’il s’ennuie ? Dans ce cas, l’enfermement dans 1 ou 2 mÂČ risque mĂȘme d’aggraver le problĂšme. Il serait plus simple, efficace, et bienveillant de laisser Ă  son chien de quoi s’occuper (un Kong, des croquettes enfouies dans un tapis de fouille, du bois de daim Ă  mĂącher
). 

 Peut-ĂȘtre que le chien dĂ©truit car il angoisse Ă  l’idĂ©e d’ĂȘtre seul. C’est le cas du chien qui va dĂ©truire les portes, fenĂȘtres, plinthes, pour essayer de s’enfuir et vous rejoindre. Souvent, le chien anxieux va aussi dĂ©truire tout ce qui porte votre odeur (canapĂ©, chaussures
), et se soulager Ă  ces endroits-lĂ , ou devant la porte. 

La cage va-t-il lui permettre de s’apaiser ? 

HĂ©las, dans la majoritĂ© des cas : non. 

Mutilations, hurlements : le chien enfermé exprime son mal-ĂȘtre autrement qu’en dĂ©truisant ou en faisant ses besoins. 

J’ai dĂ©jĂ  eu des cas de chiens qui aboyaient alors Ă  longueur de journĂ©e. D’autres qui se mutilaient – en mordant leur queue, ou en se lĂ©chant compulsivement les pattes avant, jusqu’à l’apparition d’une plaie suintante. 

Bien sĂ»r, il s’agit lĂ  de cas extrĂȘmes. Certains chiens vont simplement intĂ©rioriser leur angoisse, leur mal-ĂȘtre. 

Certes, les destructions ont pris fin ; le chien ne fait plus ses besoins Ă  l’intĂ©rieur
 Mais, quelques annĂ©es plus tard, on va dĂ©couvrir des anomalies cardiaques inexplicables ; dans les semaines qui viennent, le chien va se montrer plus irritable ; moins sociable ; il va se mettre Ă  protĂ©ger ses ressources ; son poil peut ternir
 

Bref, son Ă©tat de stress va se reflĂ©ter Ă  la fois sur son comportement, et sa santĂ©. N’oublions pas que le stress est une cause directe de cancers, de dĂ©ficience immunitaire, et d’énormĂ©ment de problĂšmes comportementaux[1]. 

Alors, comment utiliser la cage sans que le chien ne la subisse ? 

Est-ce mĂȘme possible ? 

Oui
 Mais cela peut ĂȘtre plus ou moins compliquĂ©. 

D'abord, parce que la cage doit ĂȘtre associĂ©e Ă  un endroit positif. 

Impossible, si on compte y enfermer son chien 8 heures par jour. 

Impossible, si votre chien ne peut pas en sortir quand il en a envie, parce que la porte est verrouillée. 

Impossible si c’est un endroit oĂč il s’ennuie – ou pire, oĂč on l’y met pour le punir. 

Quelles sont alors les conditions pour que la cage soit apprĂ©ciĂ©e par le chien ? Est-ce mĂȘme possible ? 

  1. La cage doit ĂȘtre un endroit joyeux. C’est lĂ  oĂč votre chien reçoit systĂ©matiquement ses oreilles de cochon, des Kongs à la pĂątĂ©e, ses jouets prĂ©fĂ©rĂ©s. 
  2. Le chien entre et sort librement de sa cage ; il n’est jamais contraint d’y rester enfermĂ©. Soit la porte reste ouverte
 soit vous ĂȘtes en mesure de l’ouvrir dĂšs que votre chien exprime l’envie d’en sortir. 

Alors vous allez me dire : « OK, dans ce cas la cage ne sert Ă  rien, non ? » 

Et bien
 je suis d’accord. 

L’apprentissage de la cage est finalement plus chronophage que l’apprentissage de la solitude, de la propretĂ©, etc. 

RĂ©ellement apprendre Ă  son chien Ă  aimer la cage est complexe – voire mĂȘme impossible pour certains chiens. 

PlutĂŽt que de dĂ©penser du temps, et de l’énergie Ă  apprendre Ă  votre chien la cage
 Ne serait-il pas plus judicieux de travailler directement sur son anxiĂ©tĂ© de sĂ©paration ? Sur ses problĂšmes de malpropreté ? De destruction ? 

Pour vous donner quelques exemples : 

  • Associer vos dĂ©parts Ă  quelque chose de joyeux, en ne partant que quelques secondes, et en laissant systĂ©matiquement une super activité masticatoire Ă  votre chien lors de ces exercices. 
  • RĂ©compenser gĂ©nĂ©reusement votre chien Ă  chaque fois qu’il fait ses besoins dehors – et l’emmener dans le jardin quand il le fait Ă  l’intĂ©rieur, sans Ă©nervement. 
  • Faire de longues balades quotidiennes, avec votre chien en libertĂ©, ou en longe, pour qu’il puisse se dĂ©penser correctement. Il aura ainsi l’occasion de bien vider sa vessie avant votre absence, et sera ensuite occupé à faire une longue sieste jusqu’à votre retour – plutĂŽt que dĂ©truire vos affaires ! 

Je sais qu’il est tentant d’utiliser cet outil. Je sais qu’il est recommandĂ© par certains professionnels. Mais surtout, ne cĂ©dez pas Ă  la facilitĂ©. 

Essayez de travailler la cause du problĂšme comportemental du chien en prioritĂ©. C’est Ă  la fois plus efficace, et votre chien vous en sera reconnaissant. 

PS : J’ai pour ma part utilisĂ© la cage Ă  des fins Ă©ducatives qu’à une seule occasion : quand j’ai adoptĂ© Merlin. Le problĂšme ne venait pas de lui
 Mais de PĂ©nĂ©lope. Pour je ne sais quelle raison, elle qui Ă©tait propre, s’est mise Ă  uriner systĂ©matiquement dans la cuisine, la nuit. Pourtant, elle savait se retenir. Pourtant, elle s’entendait trĂšs bien avec Merlin. 

Le souci, c’est qu’à chaque fois qu’elle se soulageait dans la cuisine, elle autorenforçait ce comportement
 Et Ă©tait ainsi plus susceptible de recommencer le lendemain. 

AprĂšs deux semaines de ramassage de pipi au rĂ©veil, j’ai cĂ©dĂ©. 

J’ai introduit la cage trĂšs progressivement. C’est PĂ©nĂ©lope qui choisissait d’y aller la nuit. Quand elle voulait en sortir, elle savait qu’il suffisait d’aboyer, et je lui ouvrais. 

Pendant un mois, PĂ©nĂ©lope a dormi dans cette grande cage la nuit, sans stress. Elle ne demandait mĂȘme pas Ă  en sortir – le matin, je me rĂ©veillais avant elle pour lui ouvrir. 

En trois semaines, elle a perdu cette habitude de marquage (si on peut parler de marquage), et j’ai pu retirer la cage complùtement. 

Je ne suis donc pas 100% fermĂ© Ă  son utilisation
 Mais je prends Ă©normĂ©ment de pincettes. 

[1]              https://air.unimi.it/retrieve/handle/2434/449253/717454/2016%20stress%20and%20cancer%20in%20dogs.pdf

đŸŸ La cage : bonne ou mauvaise idĂ©e ?
Utilisée à tort comme solution miracle aux problÚmes de propreté ou de destruction, la cage est souvent un cache-misÚre.

Dans cette lettre, je vous explique pourquoi elle peut aggraver l’anxiĂ©tĂ© de votre chien, et dans quels cas trĂšs prĂ©cis elle peut ĂȘtre envisagĂ©e – toujours avec douceur, patience, et jamais comme une punition.

Mieux vaut traiter la cause du comportement que d’enfermer les symptîmes.

Claude Lefevre đŸŸ

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