« Votre chien détruit ? N’est pas propre ? La solution est simple : achetez une cage, et enfermez-le pendant vos absences ! »

Voilà ce que le dresseur de chiens a conseillés aux maîtres de Scoubidou, Boxer de 5 mois.

Quand il est seul, Scoubidou fait des bêtises. Il urine dans le salon ; ronge les pieds de chaises ; éventre le canapé ; et gratte contre la porte.

Ses maîtres sont désemparés. Ils culpabilisent d’enfermer leur chien pendant toute leur journée de travail. Mais après tout, si c’est un professionnel qui le conseille, alors c’est acceptable, non ? 

Eh bien non. Enfermer son chien contre son gré, 8 heures par jour, dans 1,5 m² : c’est de la maltraitance.

Malheureusement, c’est une maltraitance qui a été banalisée ; et qui est aujourd’hui promue par certains dresseurs de chiens.

La cage est mal utilisée, et trop souvent comme un premier recours ; une solution miracle.

Faut-il pour autant complètement bannir la cage de nos usages ? Pas si simple.

Aujourd’hui, je balaye toutes les idées reçues sur cet outil très controversé.

La cage n’est pas un “outil miracle” d’éducation canine. 

Revenons-en à Scoubidou, qui passe maintenant la journée enfermé dans sa cage.

Ah c’est vrai, le canapé de ses humains est sauvé ! Scoubidou n’a plus l’occasion de détruire, ou de faire ses besoins à l’intérieur.

L’envers du décor est bien plus triste. Scoubidou passe la journée à se retenir de faire pipi. Arrivé 18 h, il n’en peut plus. À terme, il risque de graves problèmes urinaires.

Pire : sa journée était d’un ennui mortel. Seul, enfermé, Scoubidou devient complètement dépressif. 

La dépression s’exprime différemment selon les chiens. Pour certains, cela se voit à peine. En effet, quand les humains de Scoubidou rentrent à la maison, ils voient leur chien super-heureux de les retrouver.

Mais dans quel état est Scoubidou pendant leur absence ? Ils ne tardent pas à l’apprendre. 

Tout « éducateur » canin qui vous propose la cage comme première solution est un incompétent. 

Le chien qui détruit, fait ses besoins ou aboie en votre absence souffre soit :

• d’ennui ; ou
   
• d’anxiété de solitude / de séparation.

Empêcher un chien de faire des bêtises en l’enfermant ne résout pas le problème : il en cache certains symptômes. 

Au bout d’une semaine, les voisins de Scoubidou, exaspérés, sont venus se plaindre des aboiements continus à longueur de journée. Scoubidou s’ennuie, alors dans sa cage, il fait le loup.

Autre symptôme : ses humains découvrent qu’il a commencé à perdre ses poils sur ses pattes avant. Il y a une plaie rouge, irritée, qui empire de jour en jour, sans qu’ils comprennent pourquoi.

En fait, Scoubidou pratique l’automutilation. C’est très commun chez le chien stressé ; enfermé. II s’ennui à tel point qu’il commence à se lécher compulsivement les pattes ; ou se mordre la queue. Le chien peut devenir complètement “toqué”. Perdre cette habitude d’automutilation devient très compliqué. 

Traiter le problème à la source : toutes les solutions qui rendent la cage inutile 

Les humains de Scoubidou vite l’ont compris. Pour leur chien, la cage est une torture émotionnelle.

Aujourd’hui, elle prend la poussière dans leur cave. Et Scoubidou a arrêté ses “bêtises” pendant leurs absences.

Comment ont-ils fait ? Voici 3 leviers qui ont permis à Scoubidou de dé-stresser, et de s’occuper pendant qu’il était seul :

Premier levier : les activités masticatoires 

Dans un de mes derniers articles, je vous expliquais pourquoi la mastication est véritablement salvatrice pour le chien.

D’abord, elle occupe - et elle fatigue ! La mastication est très énergivore pour Scoubidou, et pour tous les chiens en demande d’activité physique. Ultra-pratique si votre chien doit rester seul pendant longtemps.

Mais surtout : elle apaise. En mastiquant le chien libère des hormones comme la dopamine. Parfait pour le chien anxieux d’être seul.

Les humains de Scoubidou lui laissent systématiquement de quoi mastiquer pendant leurs absences - bois de daim, fromage de Yack, bois de cerf, bois d’olivier… Scoubi n’est plus enfermé, et les meubles sont sauvés. 

Second levier : les activités cognitives 

On pense souvent, à tort, que l’unique moyen de fatiguer un chien est de lui faire faire du sport. Courir pendant des kilomètres ; poursuivre une balle… Oui, le chien a besoin d’activité physique.

Non, ce n’est pas suffisant pour combler ses dépenses énergétiques.

Et non, le sport n’est même pas le meilleur moyen de le fatiguer. 

Ce qui fatigue véritablement le chien… C’est de réfléchir. Voici quelques réflexes tout bêtes, que j’ai pris avec mes chiens, afin de les occuper le plus possible - que je sois là, ou pas :

• Pendant les promenades en laisse, je les laisse tout renifler. Le but n’est pas de parcourir un maximum de kilomètres avec son chien pour l’épuiser ; mais de lui laisser le temps de combler son besoin d’exploration. La promenade sera d’autant plus énergivore et agréable.
  
  
• Je ne nourris pas mes chiens exclusivement avec la gamelle. Au moins la moitié de leur portion de croquettes est éparpillée sur l’herbe du jardin. Ils doivent utiliser leur flair pour les trouver - et ils adorent !
  
  
• Je varie les manières de jouer avec mes chiens. Oui, la balle, le “tire-tire”, et les courses-poursuites sont toujours au menu - mais j’y ajoute des jeux plus ludiques, comme des jeux de flair ; l’apprentissage de nouveaux tours ; ou des jeux de proprioception (cela peut être aussi simple qu’apprendre à son chien à passer sous une chaise).

Résultat : mes chiens sont plus calmes, posés et réfléchis. Pendant mes absences, ils passent leur temps à ronfler ! 

Troisième levier : des départs progressifs 

Si, du jour au lendemain, Scoubidou reste seul toute la journée, l’expérience risque d’être difficile.

Il existe une idée reçue, selon laquelle les chiens n’ont pas la notion du temps. C’est une excuse bien pratique pour éviter de culpabiliser quand on laisse son chien seul pendant des heures.

Hélas, elle n’a aucun fondement scientifique.

Le chien a bien la notion du temps - même si elle est différente de la nôtre.

Même s’il ne sait pas lire l’heure, il a conscience qu’après 4 heures de panier, il n’est plus fatigué. Il a envie de faire pipi ; et il s’ennuie. Il se demande où vous êtes.

La solitude est un apprentissage qui doit se faire de manière progressive - au risque de traumatiser le chien.

Pour les plus anxieux, il faut commencer par un départ de quelques secondes, dans une autre pièce ! Puis, graduellement, quitter la maison pour des durées de plus en plus longues.

Gardons bien en tête que même le chien le mieux éduqué n’est pas fait pour vivre enfermé et seul à longueur de journée.

On ne peut exiger d’un jeune Beagle énergique d’être sage, isolé, et propre 8 heures par jour. Si c’est ce que vous recherchez, l’idéal est plutôt de prendre un Carlin en panier-retraite ;)

En appliquant ces trois leviers, la cage devient complètement superflue.

Faut-il pour autant la considérer comme un outil de torture, à bannir de nos foyers ?

Voici 3 cas de figure exceptionnels où j’ai moi-même utilisé la cage 

Il faut néanmoins l'admettre : parfois, la cage, même si controversée, est un mal nécessaire.

Elle sécurise le chien pendant les transports 

Le moyen le plus sûr de protéger son chien, pendant un trajet en voiture, est de le mettre dans une caisse de transport, bien fixée au siège ou au sol. Parfois, par exemple dans le métro, c’est même obligatoire pour les petits chiens.

(J’avoue ne pas me plier à cette règle avec mes trois chiens. Ils ont chacun leur harnais, qui se clipse à la ceinture de sécurité à l’aide d’une laisse spéciale - moins sécurisant, mais Maki aime tellement mettre sa tête par la fenêtre, que lui retirer ce privilège me ferait trop de peine !)

 

Elle limite le risque de bagarres 

Il y a quelques années, je prenais régulièrement des chiens chez moi en famille d’accueil. Les premières nuits, il y avait toujours un risque de bagarre. Normal : Maki est souvent assez perturbé par “ l’intrusion ” de nouveaux dans son foyer. Pour peu que l’un d’entre eux s’approche de son panier : il attaque.

J’ai donc appris à Maki à dormir, la nuit, dans sa cage, pour ne jamais le laisser sans surveillance avec un autre chien inconnu.

Attention, je précise bien : cet apprentissage signifie que, pour Maki, la cage n’a jamais été une contrainte. Au contraire : c’était un endroit de réjouissance.

Comment ai-je réussi mon coup ? Avec 5 principes phares.

• Déjà, JAMAIS je ne forçais Maki à entrer dans sa cage. Il y allait tout seul, de lui-même. Comment ?
  
  
• Parce que la cage est l’endroit plaisir par excellence ! C’est là qu’il y a le panier le plus moelleux ; où on retrouve souvent des croquettes “surprises” ; où Maki reçoit systématiquement ses friandises à mastiquer.
  
  
• En parallèle, la cage n’est JAMAIS un endroit de punition. On n’y enferme pas un chien pour le gronder.
  
  
• Si le chien veut sortir (par exemple s’il aboie) : on lui ouvre. Normal : pour apprécier sa cage, elle ne doit jamais être vue comme une contrainte.
  
  
• Pour cette même raison, je n’ai jamais laissé Maki dans la cage pendant des durées trop longues. Je le sors avant même qu’il s’en lasse.

Résultat : la cage est devenue le lieu de couchage de Maki, il s’y rendait joyeusement tous les soirs et les chiens en famille d’accueil étaient à l'abri de ses sautes d’humeur. 

Certains chiens aiment sincèrement la cage “ cabane ” ! 

Enfin, certains chiens aiment la sécurité qu’offre une cage. Le jour où Maki a délaissé la sienne, Merlin se l’ai appropriée ! Aujourd’hui, sans cage, il dort souvent sous la table du salon.

Voilà, vous connaissez maintenant tout sur les controverses autour de la cage. J’espère que mon article vous aura éclairé.

Qu’en avez-vous pensé ? Avez-vous déjà été témoin d’une mauvaise utilisation de cet outil ?

N’hésitez pas à me parler de votre expérience en commentaires, mon équipe vous lit avec plaisir !